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  Félix Peña

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 Cahiers des Amériques Latines 41 | Dossier L'Argentine Déboussolée 2002/2003

La crise et l'insertion nationale de l'Argentine


RÉSUMÉ - RESUMEN - ABSTRACT

Les événements de l'année 2001 marquent la fin d'une longue période qui avait débuté avec la fin de l'alhance privilégiée avec la Grande-Bretagne. Cinq questions sont fondamentales pour comprendre l' Argentine après la crise et son insertion internationale future: sa marginalité relative par rapport aux priorités des grandes puissances internationales, sa credibilité internationale, la reconstruction de consensus élémentaires sur les conditions qui permettront une insertion efficace dans le monde actuel, les possibilités ouvertes pour le pays par la mondialisation et l'organisation de grands espaces et, enfin, la qualité de J'alliance stratégique avec le Brésil et le Mercosur.

***

Los acontecimientos del año 2001 señalan el fin de un largo periodo que comenzó con la ruptura de los vinculos privilegiados con Gran Bretaña. Hay cinco cuestiones fundamentales para entender la Argentina postcrisis y sus posibilidades de inserción internacional en el futuro: su marginalidad relativa en relación con las prioridades de las grandes potencias internacionales, su credibilidad internacional, la reconstrucción de consensos elementales sobre la condiciones que permitan una inserción eficiente en el mundo actual, las posibilidades abiertas por la globalización de la economía y la organización de grandes espacios y finalmente la cualidad de la alianza estratégica con Brasil y el Mercosur.

***

The events of the year 2001 marked the end of à long penod which began with the end of the privileged alliance with Great Britain. There are five fundamental questions to understand Argentina after the crisis and its future international rehabilitation: its marginality in relation to the priorities of the large international powers, Its international credibility, the reconstruction of an elementary consensus over the conditions which permit an efficient rehabilitation in the real world, the possibilities opened to the country by globalisation and the organisation of large spaces, and finally the quality of the strategic alliance with Brazil and the Mercosur.

Mots clés: Argentine, crise, mondialisation, Mercosur, relations internationales | Palabras claves: Argentina, crisis, mundialización, Mercosur, relaciones internacionales | Keywords: Argentina, crisis, globalization, Mercosur, intemational relationships



L' ARGENTlNE EST EN TRAlN DE VIVRE LA FIN d'un long cycle politique et économique. Il s'agit d'un processus complexe qui dépasse la seule mutation de la politique du change et de la monnaie, c'est-à-dire l'abandon du régime de convertibilité. Ce qui s'est terminé, c'est un cycle durant lequella dépendance par rapport à l'épargne extérieure s'est accentuée sans que le pays parvienne à absorber completement les effets sur le commerce extérieur de la fin des relations économiques privilégiées avec la Grande-Bretagne puis du protectionnisme agricole de certains des pays les plus industrialisés.

C'est dans cette perspective qu'il faut envisager l'étude de l'insertion internationale de l'Argentine qui fait l'objet de ces réflexions. En effet, de nombreux facteurs qui influencent le tableau actuel trouvent leurs racines dans l'histoire longue des soixante dernières années, ainsi que dans la vision que des générations successives d'Argentins eurent de leur pays et de ses relations avec le monde. D'autres facteurs, peut-être plus importants mais qui ne seront pas abordés ici, sont liés aux faiblesses de la représentativité du système politique [1] et à la médiocre capacité des institutions, d'une part, à articuler les intérêts sociaux dans un contexte de grande fragmentation du pouvoir et, d'autre part, à maintenir des politiques publiques qui agissent en profondeur sur la réalité et atteignent les résultats espérés. D'autres, enfin, traduisent des problèmes économiques structurels qui affectent la productivité et la compétitivité dans la production de biens et la prestation de services, qui stimulent l' évasion fiscale et l'économie parallele, et augmentent les inégalités sociales. Ces dernières sont devenues difficiles à gérer dans le cas argentin, car elles résultent de la dégradation du niveau de vie de plusieurs secteurs de la population -appartenant en particulier à la classe moyenne - qui ont joui par le passé d'un bienetre supérieur à celui de nombreux pays latino-américains.

Tout n'a pas été négatif dans le développement argentin des deux demieres décennies. Au contraire, le pays à fait des progrès significatifs sur le plan de l'institutionnalisation de la démocratie et de la modemisation économique, qui résulte en grande partie de l'ouverture au commerce extérieur et d'importants investissements, pour la production de biens et la fourniture de services. Sur le plan international, le pays à contribué par ses initiatives à la construction d'un espace d'intégration et de paix au sud de l'Amérique du Sud, à partir du développement de son alliance stratégique avec; le Brésil et de ses relations économiques avec le monde, en particulier les Etats-Unis et l'Union européenne.

De tels progrès forment des bases valables pour la reprise. Il est positif que la transition traumatique commencée avec la démission du président De la Rúa se soit déroulée dans le cadre des institutions démocratiques. Il appartient au président Duhalde, avec une légitimité formelle indiscutable, d'entreprendre la tâche difficile de mener la transition vers un nouveau cycle qui pourrait débuter lors des élections de 2003 avec un plus fort soutien économique et social.

À mon avis, quatre fronts requierent des actions prioritaires. Du succès obtenu dépendra, en grande partie l'évolution future de l'Argentine et ses possibilités de rétablir sa crédibilité internationale, la nécessaire croissance économique et la cohésion socia le. Le premier de ces fronts est la reconstruction du pouvoir politique et l'efficacité de l'Etat. Le deuxième est de refonder la paix dans une société bouleversée par des sentiments de frustration et la tentation récurrente de l'anarchie. Le troisième est de terminer de gérer les effets de sortie du système de currency board, ce qui implique de rétablir la contiance non seulement dans la monnaie nationale et le système tinancier, mais aussi dans la capacité à avoir des politiques, des conduites et des mécanismes cohérents avec la discipline tiscale et monétaire, l'épargne et l'investissement, nécessaires pour la production et l'équité sociale. Le quatrième front est de s'insérer dans la région et dans le monde, à partir du renforcement du Mercosur se projetant dans tou,te l' Amérique latine, et de négociations commerciales dans l'OMC avec les Etats-Unis - que soit le NAFTA ou le 4+1 -et avec l'Union européenne grâce à un accord de libre-échange.

Ce ne sera pas une tâche facile. Le succès dépendra en grande partie de la capacité du prochain gouvernement à formuler des politiques efficaces et crédibles. Il dépendra aussi des conséquences que tireront tous les groupes -en particuliers les dirigeants politiques, économique, syndicaux, religieux et les intellectuels - d'une ample et nécessaire autocritique qui à débuté en 2002 comme une conséquence positive de la crise.

Mais ce succès dépendra aussi de la compréhension de la communauté internationale pour le cas argentin, et de l'appui concret obtenu sur les plans politique et tinancier. Isoler le pays et le laisser livré à son sort, se contenter de lui prescrire des politiques, ce serait méconnaitre les conséquences d'une aggravation de la crise, qui pourrait résulter de l'échec des efforts de reconstruction des consensus nationaux, sur la stabilité démocratique et économique d'un continent sudamérica in toujours plus troublé, comme le montrent, entre autres, les situations de la Colombie et du Venezuela.

Ce qui se passe en Argentine est largement dû aux Argentins euxmemes. Mais un environnement international et continental - fait d'idéologies, de modeles, de politiques et de comportements -pas toujours favorable à la consolidation de sociétés ouvertes dans un monde développé, et particulièrement en Amérique latine, porte également une part de responsabilité.

C'est dans cette perspective qu'il faut situer l'importance que revet pour l' Argentine la relation stratégique avec le Brésil et la construction pour de bon dû Mercosur. C'est-a-dire d'un Mercosur qui puisse etre percu, par la qualité de ses règles et l'efficacité de ses engagements, comme un cadre international régional favorable aux profondes transformations politiques, économiques et sociales que requierent, en plus ou moins grande mesure, tous les pays participants; un Mercosur qui soit assez attractif pour inclure le Chili et servir de noyau dur à la stabilité politique et économique de l' Amérique latine; un Mercosur qui grace à sa légitimité et à sa discipline collective constitue une plateforme pour des gains partagés, pour mieux négocier et etre compétitif dans le monde. Les claires déclarations.du nouveau président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva en faveur dû Mercosur et de la relation avec l'Argentine créent des attentes positives pour l'avenir.

Ces réflexions, nécessairement schématiques, aborderont cinq questions fondamentales pour comprendre l' Argentine après la crise et son insertion internationale future. La première est liée à sa marginalité relative par rapport aux priorités des grandes puissances internationales. La deuxième est sa crédibilité internationale. La troisième se réfere à la reconstruction de consensus élémentaires sur les conditions qui permettront une insertion efficace dans le monde actuel. La quatrième tient aux possibilités ouvertes pour le pays par la mondialisation et l'organisation de grands espaces. Enfin, la cinquieme question posée est celle de la qualité de l'alliance stratégique avec le Brésil et le Mercosur.

La marginalité relative de l'Argentine dans le monde

Le fait même de la marginalité internationale relative de l'Argentine est essentiel pour toute analyse de son développement et de son insertion internationale. Il faut prendre en compte au moins trois facteurs qui influencent le niveau relatif de marginalité de tout pays dans le système international, particulièrement dans la perspective des grandes puissances. Il s'agit de la valeur relative et de la situation géographique par rapport aux principales lignes de tension stratégiques et militaires à un moment historique donné, de la position dans les classifications internationales que les grandes puissances établissent en termes de sécurité, de marchés et de valeurs, qui déterminent le «degré de nonindispensabilité» d'un pays pour les acteurs principaux de la lutte pour la domination mondiale et, enfin, de la dotation relative en ressources de pouvoirs - militaires, technologiques, économiques, naturelles, tout particulièrement les ressources alimentaires et énergétiques - qui déterminent la capacité d'un pays à influencer le cours des événements, agir sur la définition des règles dû jeu dans les négociations, etre compétitif sur la scene mondiale et répondre efficacement aux comportements d'autres pays pouvant affecter ses intérêts.

Sur cinq plans au moins l'Argentine à été un pays de forte marginalité relative durant les dernières décennies. Ce sont:

  • Sa valeur stratégique et son éloignement des principaux conflits stratégiques
    et militaires des soixantedix dernières années (deuxième guerre mondiale, guerre froide, événements après le 11 septembre 2001),

  • Sa faible participation relative aux flux mondiaux de commerce et d'inves
    tissement,

  • Son éloignement physique et économique des marchés les plus dynamiques
    à fort pouvoir d'achat,

  • Sa capacité à offrir des biens et des services de haute valeur ajoutée intellectuelle et,

  • Sa faible incidence (qui résulte des points précédents ainsi que de sa capacité à tisser des alliances internationales) sur les règles dû jeu conditionnant l'accès aux marchés et le développement de l'économie mondiale.

Sur le terrain des relations économiques internationales, on peut mentionner quelques données à titre d'illustration. En 2000, la participation de l'Argentine aux exportations mondiales ne fut que de 0,3 % dû total, et 0,4 % pour les importations. Les importations provenant d' Argentine ne représentent qu'un pourcentage intime de ce qu'achetent les Etats-Unis et l'Union européenne. Sa participation aux importations dû Sud-Est asiatique est de seulement 0,15 % dû total. Elle exporte en majorité des matieres premieres agricoles et industrielles, des produits indifférenciés sans marque propre. Même pour les aliments, il est difficile de trouver dans les supermarchés brésiliens - pourtant voisins - des produits avec une marque argentine qui traduirait la capacité dû pays à utiliser des connaissances pour transformer ses ressources naturelles. Ses produits pénetrent marginalement par deux portes sur des marchés spécialisés de haut niveau: les gondoles des supermarchés et la restauration.

Par le passé, la marginalité économique relative à constitué une sorte de cercle vicieux: plus un pays était marginal sur les marchés mondiaux et plus s'accentuait une culture d'introversion alimentant à son tour la marginalité. L'éloignement, la méconnaissance du monde et le volontarisme des politiques économiques et internationales furent pendant longtemps la réalitéargentine, dû moins jusqu'à ce que les coûts deviennent insupportables pour une société qui perçut clairement (particulièrement durant les années 1970, à la fin des années 1980 et en 2001) le spectre de l'insignifiance internationale et de la dissolution intérieure.

Le marché des producteurs argentins à été pendant de nombreuses années un marché local prioritaire relativement restreint. Les marchés mondiaux n'ont été que secondaires et abordés seulement lorsqu'il n'était pas plus rentable de vendre dans le pays. Pendant des années, les investissements ont été orientés vers le marché intérieur et, plus récemment, vers le Mercosur. Les exportations de l'Argentine ne dépassent pas 600 dollars par habitant, les importations 700 dollars. La Corée du Sud, avec une population comparable de 40 millions d'habitants et un PIB de 400 milliards de dollars dépasse 2000 dollars par habitant d'importations comme d'exportations. La même comparaison peut etre faite avec un pays présentant des avantages comparatifs analogues à ceux de l' Argentine: l' Australie.

La marginalité relative à eu pour conséquence une attitude passive vis-a-vis du reste du monde, particulièrement les pays développés. Pendant longtemps, on à attendu que le monde (immigrants, capitaux, acheteurs, idées) vienne en Argentine au lieu de projeter le pays vers le monde en s'appuyant sur ses avantages comparatifs dans la production de biens et de services. Pour cela, on n'a pas non plus valorisé la connaissance et la compréhension du reste du monde, en particulier des régions les plus importantes pour l'insertion internationale. Il n'y à jamais eu dans le pays de groupes d'experts spécialistes des Etats-Unis, de l'Europe, ni même du Brésil, du Chili ou de l'Amérique du Sud - et moins encore de l'Asie. La présence de banques argentines à l'étranger est limitée aux activités financieres. Les journaux argentins ont peu de correspondants internationaux. Regardant presque toujours à court terme, les Argentins ont eu du mal à trouver le temps et le lieu pour s'interroger sur ce qu'ils peuvent offrir au monde qui les entoure, ou sur les forces en jeu dans l'environnement international qui pourraient transformer les avantages comparatifs, à leur faveur ou à leur désavantage. Même lorsqu'ils se projettent sur la scene internationale, c'est en visant des «cibles fixes» (par exemple la substitution des importations) et non des «cibles mobiles», sensibles aux événements chargés d'avenir (innovations technologiques ou facteurs stratégiques).

La crédibilité internationale de l'Argentine

La question de la crédibilité internationale est un problème récurrent pour l'Argentine des cinquante dernières années. Il s'est aggravé avec la crise récente et à affecté la capacité du pays à attirer des flux financiers et d'investissements productifs provenant de pays tiers.

Cette question est importante pour tout pays qui aspire à devenir un acteur significatif des relations internationales. Elle l' est plus encore, si ce pays prétend etre perç u comme un acteur responsable, c'est-a-dire pourvu d'un comportement favorisant l'ordre plutót que l'anarchie. Elle l'est encore davantage si par le passé, son image à été celle d'un pays erratique, avec des changements brusques et imprévisibles.

La crédibilité des signaux qu'un pays émet vers le reste du monde - par le comportement et les pro pos de ses leaders sociaux, la qualité et la stabilité de ses politiques, ses règles et ses institutions - se traduit au fil des ans par une réputation de prévisibilité. Cela est encore plus important dans les périodes de grandes mutations internationales, comme celle que nous vivons actuellement. La prévisibilité des comportements d'un pays, fondée sur la crédibilité dont jouissent, par leur qualité et leur fondement, les messages émis par son gouvernement et par sa société, est essentielle pour deux raisons centrales dans les priorités internationales de l'après 11 septembre 2001. La première est celle de la concurrence mondiale pour attirer des investissements augmentant les capacités productives, et pour disposer d'un accès effectif aux marchés à hauts niveaux de consommation. La seconde est sa capacité à contróler la production d'armes nucléaires et de vecteurs, qu'iI s'agisse de missiles ou de terroristes. C'est autour de ces questions que s'articule la principale tension entre logique d'intégration et logique de désintégration dans le monde actuel, dont dépendent la guerre et la paix ainsi que les possibilités de stabiliser l'ordre international.

Pour l'Argentine, ces deux questions sont vitales. La première parce que les flux d'investissement et de progrès technique sont une condition fondamentale pour mener à bien la consolidation de la démocratie, la transformation productive et l'insertion compétitive dans l'économie mondiale. Les capitaux sont aujourd'hui attirés par de nombreuses possibilités d'investissement qui s'ouvrent sous toutes les latitudes. Presque sans exception, tous les pays cherchent à convaincre les investisseurs et ceux qui possedent les technologies de production et d'organisation qu'ils trouveront chez eux le meilleur environnement, en termes de sécurité juridique, de stabilité et d'accès aux marchés. C'est l'une des principales forces motrices du phénomene de formation de blocs économiques comme l'Union européenne, l' ALENA, le Mercosur et les grands marchés asiatiques.

La seconde question est importante, car l'Argentine s'est dotée dans les dernières décennies d'une certaine capacité technologique dans les domaines nucléaire et balistique. Mais aussi parce que les attentats contre l'ambassade d'lsrael et l'AMIA [2], puis les événements dramatiques du 11 septembre 2001, la placent face à la possibilité d'etre sinon sur la ligne principale de tension stratégique des grandes puissances, du moins dans l'aire d'impact de conflits potentiellement dangereux nés de l' escalade technologique du terrorisme mondial.

Pendant longtemps, l'Argentine à cultivé une image de franctireur international. Son comportement, intérieur et extérieur, manquait de prévisibilité suffisante. Une des origines lointaines de ce comportement se trouve probablement dans l'état de perplexité dans lequella rupture des liens avec l'empire britannique avait plongé l'élite argentine. Le débat national sur le pacte Roca-Runciman dans les années 1930 est un exemple parmi d'autres. De plus, l'ambiguïté du comportement argentin pendant la lIeme guerre mondiale à aftecté durablement sa crédibilité internationale, tout particulièrement pour le camp des vainqueurs. lis leur semblaient que l' Argentine avait parié sur la paix germanique. Cela contribua, en même temps que d'autres raisons historiques profondes, à rendre difficiles les relations avec les Etats-Unis. Durant les dernières années, l'instabilité politique avec pour conséquence le binóme subversion/répression, l'évolution des conflits dans l'Atlantique sud et leurs conséquences, l'indiscipline macro-économique et l'hyperinflation et enfin la crise de 2001-2002 ont contribué à forger l'image d'un pays peu fiable et peu prévisible.

L'on avait pourtant beaucoup avancé pendant les deux dernières décennies sur ce terrain. Le rétablissement de la démocratie et de l'Etat de droit y avait contribué, ainsi que la politique de convertibilité à partir de 1991 (permettant la reconstruction des institutions nécessaires à f'économie de marché, à commencer par la monnaie, le crédit et le budget), la politique d'intégration avec le Brésil, le Mercosur et le Chili, et les accords nucléaires passés avec le Brésil dans le cadre d'une politique plus vaste et plus rationnelle dans le domaine du nucléaire, des armements et des missiles. Ces éléments avaient commencé à installer l'image d'un pays plus enclin à la discipline qu'au volontarisme. La crise de 2001-2002 à remis en cause les progrès en matiere de crédibilité internationale. Elle à confirmé que le maintien de cette crédibilité est une tâche permanente.

La crédibilité internationale est donc l'un des grands défis de la démocratie argentine. Elle s'en alimente et la soutient. Ce n'est que par une véritable légitimité démocratique et la cohésion sociale que l'on peut transmettre au monde des signes crédibles sur ses aspirations à une participation active et responsable. Cette crédibilité est d'autant plus nécessaire que certains comportements sont restés ancrés dans la mémoire collective. Fin 1993, un rapport du Club Europe-Argentine sur les investissements européens en Argentine, affirmait: «aujourd'hui on peut dire avec de solides arguments que la trajectoire passée de l'Argentine, avec son indiscipline fiscale et une forte inflation chronique, à été modifiée. Mais il est naturel que l'investissement - local et étranger - soit tres sensible à tout indice qui puisse évoquer un retour à un comportement fiscal semblable à celui du passé». Les récents événements ont confirmé cette affirmation.

La reconstruccion des consensus fondamentaux pour une insertion internationale efficace

La question de la reconstruction de consensus sociaux élémentaires est aussi un theme prioritaire pour l' Argentine. lis semblaient avoir été obtenus avant la crise récente. Trouver comment les rétablir et les traduire en politiques publiques efficaces et en comportement collectifs est l'un des principaux défis auquelles Argentins sont confrontés.

De semblables consensus semblaient exister au-dela des perturbations propres à la vie politique qui tendent à s'intensifier à l'approche d'élections trop fréquentes et prolongées. lis étaient fondés, d'une part, sur l'expérience accumulée par les Argentins durant les demieres décennies et, d'autre part, sur une lecture correcte de quelques-unes des grandes tendances mondiales du début du siecle.

Tout d'abord, une mondialisation croissante et inexorable, se traduisant par la réduction des distances - physique, économique et culturelle - et l'homogénéisation des problèmes de fond et des réponses possibles pour la plupart des pays s'insérant dans des marchés toujours plus compétitifs.

La création d'environnements économiques régionaux favorisant la compétitivité par la création de blocs commerciaux, de zones de libre-échange, d'unions douanieres ou même d'unions monétaires.

Le déploiement de réseaux transnationaux de production et de commercialisation facilités par une plus grande ouverture des marchés, les changements de culture des entrepreneurs et l'impact des nouvelles technologies de l'information, particulièrement l'accès à l'intelligence économique, sur les flux financiers, le transport et la logistique.

C'est pendant les années 1980 que naissent en Argentine, comme dans la plus grande partie de l' Amérique du Sud, les consensus politiques fondateurs autour de la démocratie et de la société ouverte. La culture de la stabilité politique paraít fortement installée dans la société comme dans son environnement régional immédiat, particulièrement le Brésil, le Chili et l'Uruguay. Cependant, malgré les crises récentes de la région, et à la différence de ce qui se produisait dans les années 1970, nul ne conçoit dans ces pays que l'on puísse gagner politiquement sans respecter les règles du jeu démocratique et les institutions. La victoire de Lula au Brésil met en évidence la force de la démocratie dans la huitieme économie de la planete et le potentiel démocratique capable de canaliser les forces de changements opérant dans une société. Lula témoigne par son parcours et son attitude de la valeur de la démocratie pour la région.

Les consensus politiques fondateurs des années 1980 ont débouché dans les années 1990 sur au moins cinq consensus élémentaires dans la société argentine. lis font référence aux exigences minimales pour naviguer avec succes dans la mondialisation et la régionalisation. Il faudra les rétablir pour faciliter la consolidation démocratique, la transformation productive et l'insertion intemationale.

Il s'agit:

  • De la discipline macro-économique et des équilibres budgétaires, tant pour
    l'échelon fédéral que pour les provinces et les municipes.

  • De la construction d'un environnement régional pour etre compétitif et négocier qu'exprime le Mercosur, pierre angulaire du développement d'un espace de libre commerce continental, et l'alliance avec l'Uníon européenne dans le cadre de l'OMe.

  • De la solidarité effective avec ceux qui ont le plus de difficultés à s'adapter aux nouvelles conditions de l'économie nationale et mondiale, et qui s'exprime par des politiques spécifiques pour les PME et des politiques sociales pour les pauvres et les chómeurs.

  • De l'éducation comme instrument pour satisfaire à la fois les exigences
    d' égalité des chances et de compétitivité de l' économie nationale.

  • De l'amélioration des conditions systémiques attirant les investisseurs et
    facilitant les stratégies d'internationalisation des entreprises.

Une fois ces consensus obtenus, le débat devra s'orienter sur la maniere, c'est-a-dire sur les faç ons les plus efficaces et rapides d'atteindre des objectifs stratégiques prioritaires. Il devra porter sur les institutions, les politiques publiques et les règles du jeu. Il ne s'agit pas d'un débat sur le modele, compris comme la définition d'options fondamentales et le cas échéant incompatibles, mais d'un débat centré sur les méthodes et les qualités, l'efficacité et l'effectivité des institutions et des politiques publiques.

Les conséquences de la mondialisation de l'economie

Les tendances actuelles d'une économie mondialisée et de régionalisme organisé dans un cadre multilatéral bien compris ouvrent des possibilités pour que l'Argentine sorte de la marginalité relative qui à caractérisé son insertion internationale dans la deuxième moitié du xxe siecle.

La mondialisation qui résulte de la chute des coOts et de l'augmentation de la vitesse du transport et des communications, ainsi que la dérégulation des systèmes tinanciers est devenue une donnée inévitable de la réalité économique et politique pour n'importe quel pays, et bien évidemment pour l' Argentine. Il ne s'agit pas d'un «produit» que l'on puisse choisir si on le souhaite. l'alternative est d'apprendre à tirer parti de ses avantages ou de demeurer isoléavec les coûts sociaux que cela implique.

Pour un pays comme l' Argentine, cette réalité mondiale signifie la possibilité de dépasser dans les prochaines années la distance physique, économique et parfois culturelle, qui la sépare des principaux marchés industrialisés. Produire et etre concurrentiel depuis l' Argentine, en s'insérant dans les réseaux internationaux de production et de distribution, en tirant parti de l'avantage des ressources naturelles, écologiques et humaines, ainsi que de l'expérience des entrepreneurs, doit devenir plus intéressant pour les investisseurs et les entreprises nationales et étrangeres.

Quelles sont les possibilités que la mondialisation de l'économie ouvre à l' Argentine? Comment tirer parti des avantages du régionalisme et des relations avec les grands espaces économiques pour atteindre les objectifs accèssibles à un pays ayant fait le choix d'une société ouverte, de valeurs et d'institutions démocratiques, de la modernisation technologique et de la cohésion sociale et qui à vocation à s'insérer dans le monde? Comment s'organiser pour tirer parti des possibilités de la mondialisation sur la base de la qualité de ce que le pays peut offrir?

Voila quelques-unes des questions qui se posent aujourd'hui à la société argentine. Pour une réponse optimiste, on peut penser à la dotation en ressources naturelles, l'expérience des années d'industrialisation, l'appartenance à une région qui peut avoir, avec des politiques adéquates, un fort potentiel de croissance et d'attraction des investissements, le dépassement d'une opposition entre agriculture et industrie, la reconnaissance de la valeur ajoutée intellectuelle pour exporter des biens et des services, la qualité des ressources humaines aux origines culturelles tres variées. Ces facteurs devraient ouvrir un éventail de possibilités pour atteindre un niveau de compétitivité mondiale et régionale proche de celui des pays avancés.

Si l'on prend en compte la dotation en ressources humaines et naturelles et la position géographique de l' Argentine, à moyen et à court terme, les principales priorités seront l'attraction d'investissements productifs et de technologies modernes, la possibilité de se fournir en équipements et matieres premieres de la faç on la plus économique, l'accès fluide pour les producteurs localisés en Argentine au plus grand nombre de consommateurs à haut niveau de revenu, l'intégration dans des réseaux de valeur ajoutés à l'échelle régionale et mondiale et le développement d'infrastructures et de services logistiques plus efficaces et adaptés aux besoins du commerce extérieur.

Dans cette perspective, la présence de compétiteurs mondiaux et l'internationalisation des entreprises locales seront un facteur crucial par rapport aux besoins intérieurs. L'internationalisation d'entreprises locales peut etre obtenue de multiples façons. Elle facilitera l'accès aux marchés, en particulier pour les PME. Inversement, la présence de firmes internationales peut etre un facteur dé pour accéder à des marchés plus vastes.

L' alliance stratégique avec le brésil et le Mercosur

Cette alliance à un sens politique profond. Son résultat principal est le développement d'un espace de paix, de démocratie et d'intégration dans le sud de l'Amérique. Son contenu est surtout économique et commercial.

Il faut pour la comprendre, se souvenir que l' Argentine est comme le Brésil un global trader. Elle à des intérêts commerciaux dans le monde entier, ses exportations comme ses importations de biens et de services touchent les Amériques, l'Europe, le Moyen-Orient et, dans une moindre mesure, l' Asie du Sud-Est En 2000 les exportations vers le Mercosur représentaient 20 % du total, celles vers le reste de l'Amérique du Sud 19 %, vers l'Alena 12 %, l'Union européenne 22 %, l'Asie du Sud-Est 8 % et 12 % pour le reste du monde. Cette diversitication devrait s'accentuer si l'on considere à moyen et long terme les possibilités d' exportation d' aliments vers l' Asie, notamment après l' entrée de la Chine dans l'OMe.

Cela explique que l'Argentine ait eu un comportement actif pour la mise en route de l'OMC puis dans l'élaboration du programme de Doha. Ses interets sur ce plan, comme ceux du Mercosur, sont liés au commerce agricole. Mais ils touchent aussi d'autres aspects comme la politique de défense commerciale et, en général, les questions d'accès aux marchés de biens et de services. Elle partage avec d'autres membres de l'OMC, y compris l'Union européenne, un intéret pour le renforcement du multilatéralisme.

Les autres priorités ont été le développement par des négociations équilibrées du Mercosur et d'un réseau sud-américain de libre-échange dans le cadre de l'Aladi, l'ouverture du commerce continentale dans l'Alca et l'association avec l'Union européenne. Ces p,oints sont généralement considérés comme faisant partie d'une politique d'Etat fortement soutenue par l'opinion publique. Malgré cela, iI y à eu occasionnellement des positions favorables à une insertion privilégiant l'alliance avec les Etats-Unis. Cela à alimenté un débat récurrent sur l'existence du Mercosur qui n'a contribué ni à son efficacité ni à sa crédibilité.

L' Amérique du Sud et particulièrement le Mercosur et le Chili occupent la première place pour le commerce extérieur de l' Argentine, notamment ses exportations industrielles. Cet ensemble à fait depuis quarante ans l'objet d'efforts d'organisation sur la base de l'intégration économique. D'abord l' Alalc puis l' Aladi ont traduit ces efforts, et l' Argentine à toujours eu un róle important. Quatre-vingts pour cent du commerce international de l' Argentine se fait avec des régions dans le cadre d'accords particuliers d'accès et de règles commerciales (Alena, Union européenne, Asie du Sud-Est, Amérique du Sud) mais ce n'est que dans l'ensemble latino-américain que les négociateurs argentins ont une réelle capacité à peser sur les conditions d'accès aux marchés et la détinition des règles du jeu.

En 1986, l' Argentine à modifié substantiellement sa stratégie latino-américaine. Grace au changement des hypotheses de travail sur les relations avec le Brésil- du conflit potentiel à la coopération active - après l'accord tripartite sur ('utilisation des ressources hydriques (1979) et le retour à la démocratie dans les deux pays, le Programme d'intégration et de coopération entre Argentine et Brésil (Picab), puis en 1991 le Mercosur ont marqué la mise en place d'une nouvelle faç on d'envisager l'intégration régionale.

La dé de cette stratégie à été depuis lors la qualité de l'alliance avec le Brésil et la projection vers le reste du monde. Le Mercosur est devenu un levier permettant de diminuer les effets de la marginalité relative du pays, d'accroitre sa crédibilité internationale et de tirer parti de la mondialisation.

Après deux décennies de construction, l'alliance stratégique entre l'Argentine et le Brésil paraR solide. Ses racines s'enfoncent profondément dans l'histoire, la géographie et la raison. Mais cette alliance se trouve face à une conjoncture difficile, notamment à cause des difficultés économiques des deux partenaires (particulièrement l' Argentine), qui requierent du Mercosur une adaptation créative.

Les prochains présidents de l' Argentine et du Brésil devront faire face à des défis similaires dans le domaine de la politique extérieure. C'est un facteur qui devrait favoriser la logique d'intégration entre les pays, pour former le noyau dur d'un es pace sud-américain de paix, de stabilité et de démocratie.

Il est certain que les priorités de politique étrangere peuvent différer et qu'il y aura certainement des dittérences d'importance et d'intensité. Il pourra même y avoir des intérêts opposés, comme on l'a plus d'une fois observédans la construction européenne, sans que cela remette en question l'alliance stratégique. De telles dittérences résultent de facteurs structurels et conjoncturels distinguant les deux pays. Prochainement, par exemple, l' Argentine devra renégocier sa dette après s'etre dédarée en cessation de paiements, ce qui pesera durablement sur sa crédibilité internationale. De son caté, il est probable que le Brésil, par sa proximité, vive de faç on plus intense l'évolution du conflit colombien, et éventuellement d'autres pays andins, et qu'illui soit plus difficile d'en éviter les répercussions internes.

Mais les éléments communs devraient prévaloir et l'on peut citer au moins quatre themes pouvant retenir l'attention de Buenos Aires comme de Brasilia durant les quatre prochaines années, c'est-a-dire durant les mandats présidentiels commencés en 2003.

Le premier theme est celui des conséquences du 11 septembre 2001 et du renforcement de l'action multilatérale dans le système international, dans les domaines de la sécurité et des finances. Quelques questions demandent des réponses intelligentes, se traduisant par des politiques extérieures efficaces et une forte concertation. L'une d'entre elles est celle de la violence et de la sécurité intemationale. Mais se pose aussi la question de préserver un espace assez ample pour l'action d'organismes multilatéraux dans un monde tenté par l'action unilatérale, notamment de la part de la première puissance mondiale. Comment montrer que les réponses multilatérales des grands blocs organisés peuvent etre efficaces face aux défis que des microfoyers de violences (généralement connectés en réseaux) posent à la gouvernabilité internationale et à la démocratie? D'autres problèmes tiennent au financement international et à sa volatilité. A ce sujet, la question sera de créer des politiques et des instruments multilatéraux susceptibles de neutraliser les effets déstabilisant de la volatilité financiere intemationale sur les pays en développement. Les problèmes seraient encore plus compliqués si se produisait un scénario «1 septembre renforcé» conséquence d'événements semblables à ceux de ce jour dramatique, ou si l' économie mondiale ne parvenait pas à se stabiliser durablement.

La deuxième question est celle de la paix et de la stabilité politique sud-américaine. Quelques pays d'Amérique du Sud, notamment les pays andins, sont traversés par des fractures sociales, actuelles ou potentielles, qui peuvent conduire à une remise en cause violente de la légitimité démocratique. Deux questions sont prioritaires: comment trouver des réponses rationnelles et efficaces dans le respect des valeurs démocratiques à des problèmes profondément enracinés dans les sociétés de la région? Comment rendre évident que les démocraties sud-américaines les plus stables - notamment l' Argentine, le Brésil, le Chili et l'Uruguay - peuvent contribuer par leur compréhension et leur solidarité active à la solution de problèmes intérieurs de pays voisins qui, s'ils ne sont pas traités, risquent de s' étendre à l' ensemble de la région? Les deux questions seront plus difficiles à résoudre si prédomine la logique de violence dans les réponses trouvant leur origine dans le continent. La qualité et la franchise du dialogue avec les Etats-Unis, mais aussi avec l'Union européenne, sera un élément décisif dans l'efficacité de l'action nécessaire pour renforcer un es pace sud-américain de paix, de stabilité et de démocratie.

La troisième question est celle des négociations commerciales internationales en 2003-2004. Le Brésil à une responsabilité particuliere dans les négociations avec les Etats Unis, dans l' Alca et dans le «4 + 1», en raison de sa dimension économique et parce qu'il partage avec Washington la présidence des négociations continentales qui devraient entrer dans leur phase finale. Mais avec l'Argentine et d'autres partenaires, il aura la possibilité d'exercer une influence significative dans les négociations de l'OMC et avec l'Union européenne, notamment sur l'accès aux marchés et les règles du commerce de produits agricoles et de services. La question est de parvenir à des résultats équilibrés pour les pays de la région. Ne pas négocier ne paraí't pas raisonnable, car d'autres pays le font déja, et sont même en train de conclure des accords de libre échange avec les États-Unis ou l'Union européenne. Bien négocier sera donc le grand défi des deux prochaines années. Et cela ne sera pas facile en raison des tendances protectionnistes que l' on peut observer dans les pays industrialisés, notamment dans le domaine agricole.

Le quatrième theme est celui du Mercosur. Deux questions sont prioritaires: l'alliance stratégique servira-t-elle seulement aux négociations immédiates ou surtout aux scénarios prévisibles de l'après négociation? Quelles sont les mécanismes et les instruments permettant de construire un Mercosur de dimension sud-américaine qui assure la préférence économique entre les partenaires, la prévisibilité des règles du jeu, un niveau raisonnable de discipline collective, des bénéfices communs assurant la permanence dans le temps et la crédibilité face aux investisseurs et aux pays tiers, et la légitimité face aux sociétés civiles? Le Mercosur souffre actuellement d'un déficit de crédibilité sur son efficacité et son futuro On à accumulé des règles qui ne sont pas respectées, et pas assez flexibles pour faire face aux situations critiques provenant de disparités macroéconomiques. La méthode de concertation des intérêts visant à solutionner les différends présente des insuttisances notoires. Progressivement, l'intégration semble glisser vers un niveau d'insignifiance qui rappelle les expériences latino-américaines précédentes. Le syndrome de l'intégration-fiction s'installe graduellement et engendre chez les citoyens, les investisseurs et les autres pays, scepticisme et confusion.

Renverser ces ten dances est une tâche prioritaire pour l' Argentine et le Brésil, et pour la qualité de leur alliance stratégique. Pour cela, la construction du Mercosur devra s'adapter à de nouvelles réalités dans la perspective des exigences nées du 11 septembre 2001 et des négociations commerciales. Il faudra faire preuve de créativité et de réalisme ainsi que d'une raisonnable hétérodoxie dans le cadre des engagements internationaux des partenaires, en particulier l'OMC.

***

La crise 2001-2002 pourrait avoir un effet positif sur le long chemin des Argentins vers une société ouverte, démocratique, moderne et compétitive. C'est une tâche réalisable en raison de l'énorme potentiel du pays et de ses habitants, dans la mesure ou des consensus sociaux se créent autour de la stabilité politique, économique et sociale, et d'une insertion internationale réaliste. L'insertion internationale de l' Argentine doit traduire ses besoins intérieurs en possibilités extérieures. Cela demande de réaliser un diagnostic correct de la valeur du pays dans le monde et dans la région, de rétablir un niveau minimal de crédibilité et de prévisibilité, de tirer parti de la globalisation et de tisser des alliances diplomatiques de qualité, en commençant par élargir le Mercosur à l'ensemble de l'Amérique du Sud, et par passer des accords équilibrés de libre commerce, non seulement d'un bout à l'autre du continent, mais également avec l'Union européenne en renforçant l'OMC.

L' Argentine doit se préparer aux conditions résultant des négociations commerciales actuelles, pour etre compétitive et proposer aux consommateurs d'autres pays des biens et des services de qualité. Cette stratégie devra renforcer la cohésion d'une société pluraliste et mobile, mais qui à perdu de sa force en se fragmentant, et en raison d'erreurs d'appréciations sur sa réelle valeur dans le monde. Rétablir la viabilité démocratique et transformer sa productivité peuvent etre une contribution significative à la construction d'un es pace sud-américain de paix et de développement. C'est un objectif qui mérite l'appui de la communauté internationale, en particulier des Etats-Unis et de l'Uníon européenne.



[1] Voir à ce sujet l'article de Silvia Robin (NdT).

[2] Les attentats contre l'ambassade d'lsrael en 1992 puis en 1994 contre l' Association Mutuelle Israelite d'Argentine (AMIA) n'ont jamais été élucidés. Ils font peser sur la démocratie la menace de réseaux terroristes liés à des mouvements antisémites (NdT).

Bibliographie

  • Lafer, Celso, 2002, «La Identidad Nacional del Brasil», Fondo de Cultura Económica.

  • Peña, Félix, 1968, «La Participación en el Sistema Internacional», Criterio, Buenos Aires, décembre, p. 931 et sqq.

  • Peña, Félix, 1970, «Argentina en América Latina», Criterio, Buenos Aires, décembre, p. 872 et sqq.

  • Peña, Félix, 1995" «La Credibilidad Internacional de la Argentina», Criterio, Buenos Aires, avril, p. 21 et sqq.

  • Peña, Félix, 2002, «La Argentina y el Brasil, hoy» dans Wagner Rocha d' Angelis, coord., Direito da Integracao & Direitos Humanos no Século XXI, Curitiba, Juruá Editora, p. 45 et sqq.

  • Peña, Félix, 2002, «El Mercosur en el Actual Contexto Mundial», Archivos del Presente, Buenos Aires, n° 28, p. 75 et sqq.

Félix Peña es Director del Instituto de Comercio Internacional de la Fundación ICBC; Director de la Maestría en Relaciones Comerciales Internacionales de la Universidad Nacional de Tres de Febrero (UNTREF); Miembro del Comité Ejecutivo del Consejo Argentino para las Relaciones Internacionales (CARI). Miembro del Brains Trust del Evian Group. Ampliar trayectoria.

http://www.felixpena.com.ar | info@felixpena.com.ar


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