L' ARGENTlNE EST EN TRAlN DE VIVRE LA FIN d'un long cycle politique
et économique. Il s'agit d'un processus complexe qui dépasse
la seule mutation de la politique du change et de la monnaie, c'est-à-dire
l'abandon du régime de convertibilité. Ce qui s'est terminé,
c'est un cycle durant lequella dépendance par rapport à
l'épargne extérieure s'est accentuée sans que le
pays parvienne à absorber completement les effets sur le commerce
extérieur de la fin des relations économiques privilégiées
avec la Grande-Bretagne puis du protectionnisme agricole de certains des
pays les plus industrialisés.
C'est dans cette perspective qu'il faut envisager l'étude de l'insertion
internationale de l'Argentine qui fait l'objet de ces réflexions.
En effet, de nombreux facteurs qui influencent le tableau actuel trouvent
leurs racines dans l'histoire longue des soixante dernières années,
ainsi que dans la vision que des générations successives
d'Argentins eurent de leur pays et de ses relations avec le monde. D'autres
facteurs, peut-être plus importants mais qui ne seront pas abordés
ici, sont liés aux faiblesses de la représentativité
du système politique [1] et à la médiocre capacité
des institutions, d'une part, à articuler les intérêts sociaux
dans un contexte de grande fragmentation du pouvoir et, d'autre part,
à maintenir des politiques publiques qui agissent en profondeur sur la
réalité et atteignent les résultats espérés.
D'autres, enfin, traduisent des problèmes économiques structurels
qui affectent la productivité et la compétitivité
dans la production de biens et la prestation de services, qui stimulent
l' évasion fiscale et l'économie parallele, et augmentent
les inégalités sociales. Ces dernières sont devenues
difficiles à gérer dans le cas argentin, car elles résultent
de la dégradation du niveau de vie de plusieurs secteurs de la
population -appartenant en particulier à la classe moyenne - qui ont
joui par le passé d'un bienetre supérieur à celui de nombreux
pays latino-américains.
Tout n'a pas été négatif dans le développement
argentin des deux demieres décennies. Au contraire, le pays à fait
des progrès significatifs sur le plan de l'institutionnalisation
de la démocratie et de la modemisation économique, qui résulte
en grande partie de l'ouverture au commerce extérieur et d'importants
investissements, pour la production de biens et la fourniture de services.
Sur le plan international, le pays à contribué par ses initiatives
à la construction d'un espace d'intégration et de paix au sud de
l'Amérique du Sud, à partir du développement de son alliance
stratégique avec; le Brésil et de ses relations économiques
avec le monde, en particulier les Etats-Unis et l'Union européenne.
De tels progrès forment des bases valables pour la reprise. Il
est positif que la transition traumatique commencée avec la démission
du président De la Rúa se soit déroulée dans
le cadre des institutions démocratiques. Il appartient au président
Duhalde, avec une légitimité formelle indiscutable, d'entreprendre
la tâche difficile de mener la transition vers un nouveau cycle qui pourrait
débuter lors des élections de 2003 avec un plus fort soutien
économique et social.
À mon avis, quatre fronts requierent des actions prioritaires.
Du succès obtenu dépendra, en grande partie l'évolution
future de l'Argentine et ses possibilités de rétablir sa
crédibilité internationale, la nécessaire croissance
économique et la cohésion socia le. Le premier de ces fronts
est la reconstruction du pouvoir politique et l'efficacité de l'Etat.
Le deuxième est de refonder la paix dans une société bouleversée
par des sentiments de frustration et la tentation récurrente de
l'anarchie. Le troisième est de terminer de gérer les effets de
sortie du système de currency board, ce qui implique de rétablir
la contiance non seulement dans la monnaie nationale et le système
tinancier, mais aussi dans la capacité à avoir des politiques,
des conduites et des mécanismes cohérents avec la discipline
tiscale et monétaire, l'épargne et l'investissement, nécessaires
pour la production et l'équité sociale. Le quatrième
front est de s'insérer dans la région et dans le monde,
à partir du renforcement du Mercosur se projetant dans tou,te l'
Amérique latine, et de négociations commerciales dans l'OMC
avec les Etats-Unis - que soit le NAFTA ou le 4+1 -et avec l'Union
européenne grâce à un accord de libre-échange.
Ce ne sera pas une tâche facile. Le succès dépendra en grande
partie de la capacité du prochain gouvernement à formuler des politiques
efficaces et crédibles. Il dépendra aussi des conséquences
que tireront tous les groupes -en particuliers les dirigeants politiques,
économique, syndicaux, religieux et les intellectuels - d'une ample
et nécessaire autocritique qui à débuté en 2002 comme
une conséquence positive de la crise.
Mais ce succès dépendra aussi de la compréhension
de la communauté internationale pour le cas argentin, et de l'appui
concret obtenu sur les plans politique et tinancier. Isoler le pays et
le laisser livré à son sort, se contenter de lui prescrire des
politiques, ce serait méconnaitre les conséquences d'une
aggravation de la crise, qui pourrait résulter de l'échec
des efforts de reconstruction des consensus nationaux, sur la stabilité
démocratique et économique d'un continent sudamérica
in toujours plus troublé, comme le montrent, entre autres, les
situations de la Colombie et du Venezuela.
Ce qui se passe en Argentine est largement dû aux Argentins euxmemes.
Mais un environnement international et continental - fait d'idéologies,
de modeles, de politiques et de comportements -pas toujours favorable
à la consolidation de sociétés ouvertes dans un monde
développé, et particulièrement en Amérique
latine, porte également une part de responsabilité.
C'est dans cette perspective qu'il faut situer l'importance que revet
pour l' Argentine la relation stratégique avec le Brésil
et la construction pour de bon dû Mercosur. C'est-a-dire d'un Mercosur
qui puisse etre percu, par la qualité de ses règles et l'efficacité
de ses engagements, comme un cadre international régional favorable
aux profondes transformations politiques, économiques et sociales
que requierent, en plus ou moins grande mesure, tous les pays participants;
un Mercosur qui soit assez attractif pour inclure le Chili et servir de
noyau dur à la stabilité politique et économique de l' Amérique
latine; un Mercosur qui grace à sa légitimité et à sa discipline
collective constitue une plateforme pour des gains partagés, pour
mieux négocier et etre compétitif dans le monde. Les claires
déclarations.du nouveau président brésilien Luiz
Inácio Lula da Silva en faveur dû Mercosur et de la relation avec
l'Argentine créent des attentes positives pour l'avenir.
Ces réflexions, nécessairement schématiques, aborderont
cinq questions fondamentales pour comprendre l' Argentine après
la crise et son insertion internationale future. La première est
liée à sa marginalité relative par rapport aux
priorités des grandes puissances internationales. La deuxième
est sa crédibilité internationale. La troisième se
réfere à la reconstruction de consensus élémentaires
sur les conditions qui permettront une insertion efficace dans le monde
actuel. La quatrième tient aux possibilités ouvertes pour
le pays par la mondialisation et l'organisation de grands espaces. Enfin,
la cinquieme question posée est celle de la qualité de l'alliance
stratégique avec le Brésil et le Mercosur.
La marginalité relative de l'Argentine dans le monde
Le fait même de la marginalité internationale relative de
l'Argentine est essentiel pour toute analyse de son développement
et de son insertion internationale. Il faut prendre en compte au moins
trois facteurs qui influencent le niveau relatif de marginalité
de tout pays dans le système international, particulièrement
dans la perspective des grandes puissances. Il s'agit de la valeur relative
et de la situation géographique par rapport aux principales lignes
de tension stratégiques et militaires à un moment historique
donné, de la position dans les classifications internationales
que les grandes puissances établissent en termes de sécurité,
de marchés et de valeurs, qui déterminent le «degré
de nonindispensabilité» d'un pays pour les acteurs principaux
de la lutte pour la domination mondiale et, enfin, de la dotation relative
en ressources de pouvoirs - militaires, technologiques, économiques,
naturelles, tout particulièrement les ressources alimentaires et
énergétiques - qui déterminent la capacité
d'un pays à influencer le cours des événements, agir
sur la définition des règles dû jeu dans les négociations,
etre compétitif sur la scene mondiale et répondre efficacement
aux comportements d'autres pays pouvant affecter ses intérêts.
Sur cinq plans au moins l'Argentine à été un pays de forte
marginalité relative durant les dernières décennies. Ce
sont:
- Sa valeur stratégique et son éloignement des principaux
conflits stratégiques
et militaires des soixantedix dernières années (deuxième
guerre mondiale, guerre froide, événements après
le 11 septembre 2001),
- Sa faible participation relative aux flux mondiaux de commerce et
d'inves
tissement,
- Son éloignement physique et économique des marchés
les plus dynamiques
à fort pouvoir d'achat,
- Sa capacité à offrir des biens et des services de haute valeur
ajoutée intellectuelle et,
- Sa faible incidence (qui résulte des points précédents
ainsi que de sa capacité à tisser des alliances internationales)
sur les règles dû jeu conditionnant l'accès aux
marchés et le développement de l'économie mondiale.
Sur le terrain des relations économiques internationales, on peut
mentionner quelques données à titre d'illustration. En 2000,
la participation de l'Argentine aux exportations mondiales ne fut que
de 0,3 % dû total, et 0,4 % pour les importations. Les importations
provenant d' Argentine ne représentent qu'un pourcentage intime
de ce qu'achetent les Etats-Unis et l'Union européenne. Sa participation
aux importations dû Sud-Est asiatique est de seulement 0,15 % dû
total. Elle exporte en majorité des matieres premieres agricoles
et industrielles, des produits indifférenciés sans marque
propre. Même pour les aliments, il est difficile de trouver dans
les supermarchés brésiliens - pourtant voisins - des produits
avec une marque argentine qui traduirait la capacité dû pays
à utiliser des connaissances pour transformer ses ressources naturelles.
Ses produits pénetrent marginalement par deux portes sur des marchés
spécialisés de haut niveau: les gondoles des supermarchés
et la restauration.
Par le passé, la marginalité économique relative
à constitué une sorte de cercle vicieux: plus un pays était
marginal sur les marchés mondiaux et plus s'accentuait une culture
d'introversion alimentant à son tour la marginalité. L'éloignement,
la méconnaissance du monde et le volontarisme des politiques économiques
et internationales furent pendant longtemps la réalitéargentine,
dû moins jusqu'à ce que les coûts deviennent insupportables
pour une société qui perçut clairement (particulièrement
durant les années 1970, à la fin des années 1980
et en 2001) le spectre de l'insignifiance internationale et de la dissolution
intérieure.
Le marché des producteurs argentins à été
pendant de nombreuses années un marché local prioritaire
relativement restreint. Les marchés mondiaux n'ont été
que secondaires et abordés seulement lorsqu'il n'était pas
plus rentable de vendre dans le pays. Pendant des années, les investissements
ont été orientés vers le marché intérieur
et, plus récemment, vers le Mercosur. Les exportations de l'Argentine
ne dépassent pas 600 dollars par habitant, les importations 700
dollars. La Corée du Sud, avec une population comparable de 40
millions d'habitants et un PIB de 400 milliards de dollars dépasse
2000 dollars par habitant d'importations comme d'exportations. La même
comparaison peut etre faite avec un pays présentant des avantages
comparatifs analogues à ceux de l' Argentine: l' Australie.
La marginalité relative à eu pour conséquence une
attitude passive vis-a-vis du reste du monde, particulièrement
les pays développés. Pendant longtemps, on à attendu
que le monde (immigrants, capitaux, acheteurs, idées) vienne en
Argentine au lieu de projeter le pays vers le monde en s'appuyant sur
ses avantages comparatifs dans la production de biens et de services.
Pour cela, on n'a pas non plus valorisé la connaissance et la compréhension
du reste du monde, en particulier des régions les plus importantes
pour l'insertion internationale. Il n'y à jamais eu dans le pays
de groupes d'experts spécialistes des Etats-Unis, de l'Europe,
ni même du Brésil, du Chili ou de l'Amérique du Sud
- et moins encore de l'Asie. La présence de banques argentines
à l'étranger est limitée aux activités financieres.
Les journaux argentins ont peu de correspondants internationaux. Regardant
presque toujours à court terme, les Argentins ont eu du mal à
trouver le temps et le lieu pour s'interroger sur ce qu'ils peuvent offrir
au monde qui les entoure, ou sur les forces en jeu dans l'environnement
international qui pourraient transformer les avantages comparatifs, à
leur faveur ou à leur désavantage. Même lorsqu'ils
se projettent sur la scene internationale, c'est en visant des «cibles
fixes» (par exemple la substitution des importations) et non des
«cibles mobiles», sensibles aux événements chargés
d'avenir (innovations technologiques ou facteurs stratégiques).
La crédibilité internationale de l'Argentine
La question de la crédibilité internationale est un problème
récurrent pour l'Argentine des cinquante dernières années.
Il s'est aggravé avec la crise récente et à affecté
la capacité du pays à attirer des flux financiers et d'investissements
productifs provenant de pays tiers.
Cette question est importante pour tout pays qui aspire à devenir un
acteur significatif des relations internationales. Elle l' est plus encore,
si ce pays prétend etre perç u comme un acteur responsable, c'est-a-dire
pourvu d'un comportement favorisant l'ordre plutót que l'anarchie.
Elle l'est encore davantage si par le passé, son image à été
celle d'un pays erratique, avec des changements brusques et imprévisibles.
La crédibilité des signaux qu'un pays émet vers
le reste du monde - par le comportement et les pro pos de ses leaders
sociaux, la qualité et la stabilité de ses politiques, ses
règles et ses institutions - se traduit au fil des ans par une
réputation de prévisibilité. Cela est encore plus
important dans les périodes de grandes mutations internationales,
comme celle que nous vivons actuellement. La prévisibilité
des comportements d'un pays, fondée sur la crédibilité
dont jouissent, par leur qualité et leur fondement, les messages
émis par son gouvernement et par sa société,
est essentielle pour deux raisons centrales dans les priorités
internationales de l'après 11 septembre 2001. La première
est celle de la concurrence mondiale pour attirer des investissements
augmentant les capacités productives, et pour disposer d'un accès
effectif aux marchés à hauts niveaux de consommation. La
seconde est sa capacité à contróler la production
d'armes nucléaires et de vecteurs, qu'iI s'agisse de missiles ou
de terroristes. C'est autour de ces questions que s'articule la principale
tension entre logique d'intégration et logique de désintégration
dans le monde actuel, dont dépendent la guerre et la paix ainsi
que les possibilités de stabiliser l'ordre international.
Pour l'Argentine, ces deux questions sont vitales. La première
parce que les flux d'investissement et de progrès technique sont
une condition fondamentale pour mener à bien la consolidation de
la démocratie, la transformation productive et l'insertion compétitive
dans l'économie mondiale. Les capitaux sont aujourd'hui attirés
par de nombreuses possibilités d'investissement qui s'ouvrent sous
toutes les latitudes. Presque sans exception, tous les pays cherchent
à convaincre les investisseurs et ceux qui possedent les technologies
de production et d'organisation qu'ils trouveront chez eux le meilleur
environnement, en termes de sécurité juridique, de stabilité
et d'accès aux marchés. C'est l'une des principales forces motrices
du phénomene de formation de blocs économiques comme l'Union
européenne, l' ALENA, le Mercosur et les grands marchés
asiatiques.
La seconde question est importante, car l'Argentine s'est dotée
dans les dernières décennies d'une certaine capacité technologique
dans les domaines nucléaire et balistique. Mais aussi parce que
les attentats contre l'ambassade d'lsrael et l'AMIA [2], puis les événements
dramatiques du 11 septembre 2001, la placent face à la possibilité
d'etre sinon sur la ligne principale de tension stratégique
des grandes puissances, du moins dans l'aire d'impact de conflits potentiellement
dangereux nés de l' escalade technologique du terrorisme mondial.
Pendant longtemps, l'Argentine à cultivé une image de franctireur
international. Son comportement, intérieur et extérieur,
manquait de prévisibilité suffisante. Une des origines lointaines
de ce comportement se trouve probablement dans l'état de perplexité
dans lequella rupture des liens avec l'empire britannique avait plongé
l'élite argentine. Le débat national sur le pacte Roca-Runciman
dans les années 1930 est un exemple parmi d'autres. De plus, l'ambiguïté
du comportement argentin pendant la lIeme guerre mondiale à aftecté
durablement sa crédibilité internationale, tout particulièrement
pour le camp des vainqueurs. lis leur semblaient que l' Argentine avait
parié sur la paix germanique. Cela contribua, en même temps que
d'autres raisons historiques profondes, à rendre difficiles les relations
avec les Etats-Unis. Durant les dernières années, l'instabilité
politique avec pour conséquence le binóme subversion/répression,
l'évolution des conflits dans l'Atlantique sud et leurs conséquences,
l'indiscipline macro-économique et l'hyperinflation et enfin la
crise de 2001-2002 ont contribué à forger l'image d'un pays
peu fiable et peu prévisible.
L'on avait pourtant beaucoup avancé pendant les deux dernières
décennies sur ce terrain. Le rétablissement de la démocratie
et de l'Etat de droit y avait contribué, ainsi que la politique
de convertibilité à partir de 1991 (permettant la reconstruction
des institutions nécessaires à f'économie de marché,
à commencer par la monnaie, le crédit et le budget), la
politique d'intégration avec le Brésil, le Mercosur et le
Chili, et les accords nucléaires passés avec le Brésil
dans le cadre d'une politique plus vaste et plus rationnelle dans le domaine
du nucléaire, des armements et des missiles. Ces éléments
avaient commencé à installer l'image d'un pays plus enclin
à la discipline qu'au volontarisme. La crise de 2001-2002 à
remis en cause les progrès en matiere de crédibilité
internationale. Elle à confirmé que le maintien de cette
crédibilité est une tâche permanente.
La crédibilité internationale est donc l'un des grands
défis de la démocratie argentine. Elle s'en alimente et
la soutient. Ce n'est que par une véritable légitimité
démocratique et la cohésion sociale que l'on peut transmettre
au monde des signes crédibles sur ses aspirations à une
participation active et responsable. Cette crédibilité est
d'autant plus nécessaire que certains comportements sont restés
ancrés dans la mémoire collective. Fin 1993, un rapport
du Club Europe-Argentine sur les investissements européens en Argentine,
affirmait: «aujourd'hui on peut dire avec de solides arguments que
la trajectoire passée de l'Argentine, avec son indiscipline fiscale
et une forte inflation chronique, à été modifiée.
Mais il est naturel que l'investissement - local et étranger -
soit tres sensible à tout indice qui puisse évoquer un retour
à un comportement fiscal semblable à celui du passé».
Les récents événements ont confirmé cette
affirmation.
La reconstruccion des consensus fondamentaux pour une insertion internationale
efficace
La question de la reconstruction de consensus sociaux élémentaires
est aussi un theme prioritaire pour l' Argentine. lis semblaient avoir
été obtenus avant la crise récente. Trouver comment
les rétablir et les traduire en politiques publiques efficaces
et en comportement collectifs est l'un des principaux défis auquelles
Argentins sont confrontés.
De semblables consensus semblaient exister au-dela des perturbations
propres à la vie politique qui tendent à s'intensifier à l'approche d'élections
trop fréquentes et prolongées. lis étaient fondés,
d'une part, sur l'expérience accumulée par les Argentins
durant les demieres décennies et, d'autre part, sur une lecture
correcte de quelques-unes des grandes tendances mondiales du début
du siecle.
Tout d'abord, une mondialisation croissante et inexorable, se traduisant
par la réduction des distances - physique, économique et
culturelle - et l'homogénéisation des problèmes de
fond et des réponses possibles pour la plupart des pays s'insérant
dans des marchés toujours plus compétitifs.
La création d'environnements économiques régionaux
favorisant la compétitivité par la création
de blocs commerciaux, de zones de libre-échange, d'unions douanieres
ou même d'unions monétaires.
Le déploiement de réseaux transnationaux de production
et de commercialisation facilités par une plus grande ouverture
des marchés, les changements de culture des entrepreneurs
et l'impact des nouvelles technologies de l'information, particulièrement
l'accès à l'intelligence économique, sur les flux financiers, le
transport et la logistique.
C'est pendant les années 1980 que naissent en Argentine, comme
dans la plus grande partie de l' Amérique du Sud, les consensus
politiques fondateurs autour de la démocratie et de la société
ouverte. La culture de la stabilité politique paraít
fortement installée dans la société comme dans son
environnement régional immédiat, particulièrement le Brésil,
le Chili et l'Uruguay. Cependant, malgré les crises récentes
de la région, et à la différence de ce qui se produisait
dans les années 1970, nul ne conçoit dans ces pays que l'on
puísse gagner politiquement sans respecter les règles du jeu démocratique
et les institutions. La victoire de Lula au Brésil met en évidence
la force de la démocratie dans la huitieme économie de la
planete et le potentiel démocratique capable de canaliser les forces
de changements opérant dans une société. Lula témoigne
par son parcours et son attitude de la valeur de la démocratie
pour la région.
Les consensus politiques fondateurs des années 1980 ont débouché
dans les années 1990 sur au moins cinq consensus élémentaires
dans la société argentine. lis font référence
aux exigences minimales pour naviguer avec succes dans la mondialisation
et la régionalisation. Il faudra les rétablir pour faciliter
la consolidation démocratique, la transformation productive et
l'insertion intemationale.
Il s'agit:
- De la discipline macro-économique et des équilibres
budgétaires, tant pour
l'échelon fédéral que pour les provinces et les
municipes.
- De la construction d'un environnement régional pour etre compétitif
et négocier qu'exprime le Mercosur, pierre angulaire du développement
d'un espace de libre commerce continental, et l'alliance avec l'Uníon
européenne dans le cadre de l'OMe.
- De la solidarité effective avec ceux qui ont le plus de difficultés
à s'adapter aux nouvelles conditions de l'économie nationale
et mondiale, et qui s'exprime par des politiques spécifiques
pour les PME et des politiques sociales pour les pauvres et les chómeurs.
- De l'éducation comme instrument pour satisfaire à la fois
les exigences
d' égalité des chances et de compétitivité
de l' économie nationale.
- De l'amélioration des conditions systémiques attirant
les investisseurs et
facilitant les stratégies d'internationalisation des entreprises.
Une fois ces consensus obtenus, le débat devra s'orienter sur
la maniere, c'est-a-dire sur les faç ons les plus efficaces et rapides
d'atteindre des objectifs stratégiques prioritaires. Il devra porter
sur les institutions, les politiques publiques et les règles du jeu. Il
ne s'agit pas d'un débat sur le modele, compris comme la définition
d'options fondamentales et le cas échéant incompatibles,
mais d'un débat centré sur les méthodes et les qualités,
l'efficacité et l'effectivité des institutions et des politiques
publiques.
Les conséquences de la mondialisation de l'economie
Les tendances actuelles d'une économie mondialisée et de
régionalisme organisé dans un cadre multilatéral
bien compris ouvrent des possibilités pour que l'Argentine sorte
de la marginalité relative qui à caractérisé son
insertion internationale dans la deuxième moitié du xxe siecle.
La mondialisation qui résulte de la chute des coOts et de l'augmentation
de la vitesse du transport et des communications, ainsi que la dérégulation
des systèmes tinanciers est devenue une donnée inévitable
de la réalité économique et politique pour n'importe
quel pays, et bien évidemment pour l' Argentine. Il ne s'agit pas
d'un «produit» que l'on puisse choisir si on le souhaite.
l'alternative est d'apprendre à tirer parti de ses avantages ou
de demeurer isoléavec les coûts sociaux que cela implique.
Pour un pays comme l' Argentine, cette réalité mondiale
signifie la possibilité de dépasser dans les prochaines
années la distance physique, économique et parfois culturelle,
qui la sépare des principaux marchés industrialisés.
Produire et etre concurrentiel depuis l' Argentine, en s'insérant
dans les réseaux internationaux de production et de distribution,
en tirant parti de l'avantage des ressources naturelles, écologiques
et humaines, ainsi que de l'expérience des entrepreneurs, doit
devenir plus intéressant pour les investisseurs et les entreprises
nationales et étrangeres.
Quelles sont les possibilités que la mondialisation de l'économie
ouvre à l' Argentine? Comment tirer parti des avantages du régionalisme
et des relations avec les grands espaces économiques pour
atteindre les objectifs accèssibles à un pays ayant fait le choix
d'une société ouverte, de valeurs et d'institutions
démocratiques, de la modernisation technologique et de la cohésion
sociale et qui à vocation à s'insérer dans le monde? Comment s'organiser
pour tirer parti des possibilités de la mondialisation sur la base
de la qualité de ce que le pays peut offrir?
Voila quelques-unes des questions qui se posent aujourd'hui à la société
argentine. Pour une réponse optimiste, on peut penser à la dotation
en ressources naturelles, l'expérience des années d'industrialisation,
l'appartenance à une région qui peut avoir, avec des politiques
adéquates, un fort potentiel de croissance et d'attraction des
investissements, le dépassement d'une opposition entre agriculture
et industrie, la reconnaissance de la valeur ajoutée intellectuelle
pour exporter des biens et des services, la qualité des ressources
humaines aux origines culturelles tres variées. Ces facteurs devraient
ouvrir un éventail de possibilités pour atteindre un niveau
de compétitivité mondiale et régionale proche de
celui des pays avancés.
Si l'on prend en compte la dotation en ressources humaines et naturelles
et la position géographique de l' Argentine, à moyen et à court
terme, les principales priorités seront l'attraction d'investissements
productifs et de technologies modernes, la possibilité de se fournir
en équipements et matieres premieres de la faç on la plus économique,
l'accès fluide pour les producteurs localisés en Argentine au plus
grand nombre de consommateurs à haut niveau de revenu, l'intégration
dans des réseaux de valeur ajoutés à l'échelle régionale
et mondiale et le développement d'infrastructures et de services
logistiques plus efficaces et adaptés aux besoins du commerce extérieur.
Dans cette perspective, la présence de compétiteurs mondiaux
et l'internationalisation des entreprises locales seront un facteur crucial
par rapport aux besoins intérieurs. L'internationalisation d'entreprises
locales peut etre obtenue de multiples façons. Elle facilitera l'accès
aux marchés, en particulier pour les PME. Inversement, la présence
de firmes internationales peut etre un facteur dé pour accéder
à des marchés plus vastes.
L' alliance stratégique avec le brésil et le Mercosur
Cette alliance à un sens politique profond. Son résultat principal
est le développement d'un espace de paix, de démocratie
et d'intégration dans le sud de l'Amérique. Son contenu
est surtout économique et commercial.
Il faut pour la comprendre, se souvenir que l' Argentine est comme le
Brésil un global trader. Elle à des intérêts commerciaux
dans le monde entier, ses exportations comme ses importations de biens
et de services touchent les Amériques, l'Europe, le Moyen-Orient
et, dans une moindre mesure, l' Asie du Sud-Est En 2000 les exportations
vers le Mercosur représentaient 20 % du total, celles vers le reste
de l'Amérique du Sud 19 %, vers l'Alena 12 %, l'Union européenne
22 %, l'Asie du Sud-Est 8 % et 12 % pour le reste du monde. Cette diversitication
devrait s'accentuer si l'on considere à moyen et long terme les
possibilités d' exportation d' aliments vers l' Asie, notamment
après l' entrée de la Chine dans l'OMe.
Cela explique que l'Argentine ait eu un comportement actif pour la mise
en route de l'OMC puis dans l'élaboration du programme de Doha.
Ses interets sur ce plan, comme ceux du Mercosur, sont liés
au commerce agricole. Mais ils touchent aussi d'autres aspects comme la
politique de défense commerciale et, en général,
les questions d'accès aux marchés de biens et de services. Elle
partage avec d'autres membres de l'OMC, y compris l'Union européenne,
un intéret pour le renforcement du multilatéralisme.
Les autres priorités ont été le développement
par des négociations équilibrées du Mercosur
et d'un réseau sud-américain de libre-échange dans
le cadre de l'Aladi, l'ouverture du commerce continentale dans l'Alca
et l'association avec l'Union européenne. Ces p,oints sont
généralement considérés comme faisant partie
d'une politique d'Etat fortement soutenue par l'opinion publique. Malgré
cela, iI y à eu occasionnellement des positions favorables à une insertion
privilégiant l'alliance avec les Etats-Unis. Cela à alimenté
un débat récurrent sur l'existence du Mercosur qui n'a contribué
ni à son efficacité ni à sa crédibilité.
L' Amérique du Sud et particulièrement le Mercosur et le Chili
occupent la première place pour le commerce extérieur de l' Argentine,
notamment ses exportations industrielles. Cet ensemble à fait depuis quarante
ans l'objet d'efforts d'organisation sur la base de l'intégration
économique. D'abord l' Alalc puis l' Aladi ont traduit ces efforts,
et l' Argentine à toujours eu un róle important. Quatre-vingts
pour cent du commerce international de l' Argentine se fait avec des régions
dans le cadre d'accords particuliers d'accès et de règles commerciales
(Alena, Union européenne, Asie du Sud-Est, Amérique du Sud)
mais ce n'est que dans l'ensemble latino-américain que les négociateurs
argentins ont une réelle capacité à peser sur les conditions
d'accès aux marchés et la détinition des règles du jeu.
En 1986, l' Argentine à modifié substantiellement sa stratégie
latino-américaine. Grace au changement des hypotheses de travail
sur les relations avec le Brésil- du conflit potentiel à
la coopération active - après l'accord tripartite sur
('utilisation des ressources hydriques (1979) et le retour à la
démocratie dans les deux pays, le Programme d'intégration
et de coopération entre Argentine et Brésil (Picab), puis
en 1991 le Mercosur ont marqué la mise en place d'une nouvelle
faç on d'envisager l'intégration régionale.
La dé de cette stratégie à été depuis lors
la qualité de l'alliance avec le Brésil et la projection
vers le reste du monde. Le Mercosur est devenu un levier permettant de
diminuer les effets de la marginalité relative du pays, d'accroitre
sa crédibilité internationale et de tirer parti de la mondialisation.
Après deux décennies de construction, l'alliance stratégique
entre l'Argentine et le Brésil paraR solide. Ses racines s'enfoncent
profondément dans l'histoire, la géographie et la raison.
Mais cette alliance se trouve face à une conjoncture difficile,
notamment à cause des difficultés économiques des
deux partenaires (particulièrement l' Argentine), qui requierent
du Mercosur une adaptation créative.
Les prochains présidents de l' Argentine et du Brésil devront
faire face à des défis similaires dans le domaine de la politique
extérieure. C'est un facteur qui devrait favoriser la logique d'intégration
entre les pays, pour former le noyau dur d'un es pace sud-américain
de paix, de stabilité et de démocratie.
Il est certain que les priorités de politique étrangere
peuvent différer et qu'il y aura certainement des dittérences
d'importance et d'intensité. Il pourra même y avoir
des intérêts opposés, comme on l'a plus d'une fois observédans
la construction européenne, sans que cela remette en question l'alliance
stratégique. De telles dittérences résultent de facteurs
structurels et conjoncturels distinguant les deux pays. Prochainement,
par exemple, l' Argentine devra renégocier sa dette après
s'etre dédarée en cessation de paiements, ce qui pesera
durablement sur sa crédibilité internationale. De son caté,
il est probable que le Brésil, par sa proximité, vive de
faç on plus intense l'évolution du conflit colombien, et éventuellement
d'autres pays andins, et qu'illui soit plus difficile d'en éviter
les répercussions internes.
Mais les éléments communs devraient prévaloir et
l'on peut citer au moins quatre themes pouvant retenir l'attention de
Buenos Aires comme de Brasilia durant les quatre prochaines années,
c'est-a-dire durant les mandats présidentiels commencés
en 2003.
Le premier theme est celui des conséquences du 11 septembre 2001
et du renforcement de l'action multilatérale dans le système
international, dans les domaines de la sécurité et des finances.
Quelques questions demandent des réponses intelligentes, se traduisant
par des politiques extérieures efficaces et une forte concertation.
L'une d'entre elles est celle de la violence et de la sécurité
intemationale. Mais se pose aussi la question de préserver un espace
assez ample pour l'action d'organismes multilatéraux dans un monde
tenté par l'action unilatérale, notamment de la part de
la première puissance mondiale. Comment montrer que les réponses
multilatérales des grands blocs organisés peuvent etre efficaces
face aux défis que des microfoyers de violences (généralement
connectés en réseaux) posent à la gouvernabilité
internationale et à la démocratie? D'autres problèmes
tiennent au financement international et à sa volatilité.
A ce sujet, la question sera de créer des politiques et des instruments
multilatéraux susceptibles de neutraliser les effets déstabilisant
de la volatilité financiere intemationale sur les pays en développement.
Les problèmes seraient encore plus compliqués si se produisait
un scénario «1 septembre renforcé» conséquence
d'événements semblables à ceux de ce jour dramatique,
ou si l' économie mondiale ne parvenait pas à se stabiliser
durablement.
La deuxième question est celle de la paix et de la stabilité
politique sud-américaine. Quelques pays d'Amérique
du Sud, notamment les pays andins, sont traversés par des fractures
sociales, actuelles ou potentielles, qui peuvent conduire à une
remise en cause violente de la légitimité démocratique.
Deux questions sont prioritaires: comment trouver des réponses
rationnelles et efficaces dans le respect des valeurs démocratiques
à des problèmes profondément enracinés dans
les sociétés de la région? Comment rendre évident
que les démocraties sud-américaines les plus stables - notamment
l' Argentine, le Brésil, le Chili et l'Uruguay - peuvent contribuer
par leur compréhension et leur solidarité active à
la solution de problèmes intérieurs de pays voisins qui,
s'ils ne sont pas traités, risquent de s' étendre à
l' ensemble de la région? Les deux questions seront plus difficiles
à résoudre si prédomine la logique de violence dans
les réponses trouvant leur origine dans le continent. La qualité
et la franchise du dialogue avec les Etats-Unis, mais aussi avec l'Union
européenne, sera un élément décisif dans l'efficacité
de l'action nécessaire pour renforcer un es pace sud-américain
de paix, de stabilité et de démocratie.
La troisième question est celle des négociations commerciales
internationales en 2003-2004. Le Brésil à une responsabilité
particuliere dans les négociations avec les Etats Unis, dans l'
Alca et dans le «4 + 1», en raison de sa dimension économique
et parce qu'il partage avec Washington la présidence des négociations
continentales qui devraient entrer dans leur phase finale. Mais avec l'Argentine
et d'autres partenaires, il aura la possibilité d'exercer une influence
significative dans les négociations de l'OMC et avec l'Union européenne,
notamment sur l'accès aux marchés et les règles du
commerce de produits agricoles et de services. La question est de parvenir
à des résultats équilibrés pour les pays de
la région. Ne pas négocier ne paraí't pas raisonnable,
car d'autres pays le font déja, et sont même en train de
conclure des accords de libre échange avec les États-Unis
ou l'Union européenne. Bien négocier sera donc le grand
défi des deux prochaines années. Et cela ne sera pas facile
en raison des tendances protectionnistes que l' on peut observer dans
les pays industrialisés, notamment dans le domaine agricole.
Le quatrième theme est celui du Mercosur. Deux questions sont
prioritaires: l'alliance stratégique servira-t-elle seulement aux
négociations immédiates ou surtout aux scénarios
prévisibles de l'après négociation? Quelles sont
les mécanismes et les instruments permettant de construire un Mercosur
de dimension sud-américaine qui assure la préférence
économique entre les partenaires, la prévisibilité
des règles du jeu, un niveau raisonnable de discipline collective,
des bénéfices communs assurant la permanence dans le temps
et la crédibilité face aux investisseurs et aux pays tiers,
et la légitimité face aux sociétés civiles?
Le Mercosur souffre actuellement d'un déficit de crédibilité
sur son efficacité et son futuro On à accumulé des
règles qui ne sont pas respectées, et pas assez flexibles
pour faire face aux situations critiques provenant de disparités
macroéconomiques. La méthode de concertation des intérêts
visant à solutionner les différends présente des
insuttisances notoires. Progressivement, l'intégration semble glisser
vers un niveau d'insignifiance qui rappelle les expériences latino-américaines
précédentes. Le syndrome de l'intégration-fiction
s'installe graduellement et engendre chez les citoyens, les investisseurs
et les autres pays, scepticisme et confusion.
Renverser ces ten dances est une tâche prioritaire pour l' Argentine
et le Brésil, et pour la qualité de leur alliance stratégique.
Pour cela, la construction du Mercosur devra s'adapter à de nouvelles
réalités dans la perspective des exigences nées du
11 septembre 2001 et des négociations commerciales. Il faudra faire
preuve de créativité et de réalisme ainsi que d'une
raisonnable hétérodoxie dans le cadre des engagements internationaux
des partenaires, en particulier l'OMC.
***
La crise 2001-2002 pourrait avoir un effet positif sur le long chemin
des Argentins vers une société ouverte, démocratique,
moderne et compétitive. C'est une tâche réalisable
en raison de l'énorme potentiel du pays et de ses habitants, dans
la mesure ou des consensus sociaux se créent autour de la stabilité
politique, économique et sociale, et d'une insertion internationale
réaliste. L'insertion internationale de l' Argentine doit traduire
ses besoins intérieurs en possibilités extérieures.
Cela demande de réaliser un diagnostic correct de la valeur du
pays dans le monde et dans la région, de rétablir un niveau
minimal de crédibilité et de prévisibilité,
de tirer parti de la globalisation et de tisser des alliances diplomatiques
de qualité, en commençant par élargir le Mercosur
à l'ensemble de l'Amérique du Sud, et par passer des accords
équilibrés de libre commerce, non seulement d'un bout à
l'autre du continent, mais également avec l'Union européenne
en renforçant l'OMC.
L' Argentine doit se préparer aux conditions résultant
des négociations commerciales actuelles, pour etre compétitive
et proposer aux consommateurs d'autres pays des biens et des services
de qualité. Cette stratégie devra renforcer la cohésion
d'une société pluraliste et mobile, mais qui à perdu de
sa force en se fragmentant, et en raison d'erreurs d'appréciations
sur sa réelle valeur dans le monde. Rétablir la viabilité
démocratique et transformer sa productivité peuvent etre
une contribution significative à la construction d'un es pace sud-américain
de paix et de développement. C'est un objectif qui mérite
l'appui de la communauté internationale, en particulier des Etats-Unis
et de l'Uníon européenne.
[1] Voir à ce sujet l'article de Silvia Robin (NdT).
[2] Les attentats contre l'ambassade d'lsrael en 1992 puis en 1994 contre
l' Association Mutuelle Israelite d'Argentine (AMIA) n'ont jamais été
élucidés. Ils font peser sur la démocratie la menace
de réseaux terroristes liés à des mouvements antisémites
(NdT).
Bibliographie
- Lafer, Celso, 2002, «La Identidad Nacional del Brasil»,
Fondo de Cultura Económica.
- Peña, Félix, 1968, «La Participación en
el Sistema Internacional», Criterio, Buenos Aires, décembre,
p. 931 et sqq.
- Peña, Félix, 1970, «Argentina en América
Latina», Criterio, Buenos Aires, décembre, p. 872 et sqq.
- Peña, Félix, 1995" «La Credibilidad Internacional
de la Argentina», Criterio, Buenos Aires, avril, p. 21 et sqq.
- Peña, Félix, 2002, «La Argentina y el Brasil,
hoy» dans Wagner Rocha d' Angelis, coord., Direito da Integracao
& Direitos Humanos no Século XXI, Curitiba, Juruá
Editora, p. 45 et sqq.
- Peña, Félix, 2002, «El Mercosur en el Actual Contexto
Mundial», Archivos del Presente, Buenos Aires, n° 28, p. 75
et sqq.
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